EDITION CULTURA 5067-9 (care of CEBEDEM Collection : Musique Belge Contemporaine.)

Récitante : Germaine Gérin.
Orchestre symphonique de Liège/direction Julien Ghyoros.
Commentaires repris sur la pochette :
« Trois poèmes de Federico Garcia Lorca » : « Le Sang Répandu », « La Prise et La Mort », « Ame Absente ».« Eric FELDBUSCH (1922)
« Pendant longtemps, Eric Feldbusch a surtout été pour le grand public un prestigieux violoncelliste virtuose. À ce titre ce brillant disciple de Maurice Maréchal a connu une cascade de prix internationaux, notamment à Paris et à Prague, il a été acclamé en de nombreuses tournées à travers l’Europe et a signé plusieurs disques remarquables ». « Parallèlement, nous l’avons apprécié dans le domaine de la musique de chambre, en quatuor avec Henri Koch et en trio avec Naum Sluszny et CarloVan Neste ».
Mais, depuis plusieurs années, nous l’avons vu également s’affirmer comme un chef d’orchestre lucide, précis et chaleureux (il avait étudié la direction d’orchestre avec Eleazar de Carvalho) tandis que, d’autre part, après avoir été professeur au Conservatoire Royal de Mons il en est devenu le Directeur. »
« Cette activité polymorphe ne doit toutefois pas nous faire oublier le compositeur personnel et attachant qu’Eric Feldbusch est avant tout. Disciple de Fernand Quinet et de Victor Legley dans sa jeunesse, il a trouvé bientôt sa voie personnelle en un langage résolument moderne, subtil et complexe, que l’on pourrait situer dans la lignée expressionniste d’Alban Berg. »
« Les Discophiles connaissent d’ailleurs la gravure de son Shêma Israël qui est une œuvre bouleversante, très représentative de la qualité humaine autant que de la richesse musicale de son art. Il faudrait en rapprocher des œuvres comme « In Memoriam », « Adagio pour cordes », « L’adieu de Charles Vildrac », pour récitant et orchestre, « Cinq Pièces Brèves » pour cordes et piano, « Contrastes », « Variations » pour grand orchestre, « Mosaïque » pour orchestre à cordes, etc… »
« Les Trois poèmes de Federico Garcia Lorca » pour récitante et orchestre, furent créés en 1965 au Palais des Congrès à Liège, par Germaine Gérin et l’orchestre Symphonique de Liège sous la direction du compositeur. Chacun connaît l’admirable chant funèbre que Lorca écrivit en 1935 à la mémoire du grand torero dont il était l’ami : Lanto por Ignacio Sanchez Mejias. Dans cette ample élégie héroïque, Éric Feldbusch a choisi trois moments essentiels : «La Sangre derremada (le sang répandu), «La Cogida y la Muerte » (la Prise et la Mort)- en termes tauromachiques, la Prise est l’instant où le taureau atteint le torero – et «Alma ausente » (âme absente). » Avec une totale humilité devant la beauté du poème mais aussi avec une intense et sûre intuition de ses suggestions, Eric Feldbusch a épousé, enveloppé, prolongé la vision de Lorca en un commentaire orchestral d’une austère somptuosité, d’une constante justesse d’invention, d’un coloris sombre et viril, toujours exactement approprié, et d’une sobriété stricte qui n’en cache ni la richesse d’écriture, ni l’intensité dramatique. » « Au-delà du décor musical qu’il crée, ce triptyque symphonique s’unit en profondeur aux résonances du poème et à l’interprétation de la récitante (d’ailleurs rigoureusement mise au point en concordance avec la partition), tour à tour dans l’horreur désespérée (« Le sang, je ne veux pas le voir ») du premier mouvement, dans l’incantation obsédante du deuxième (« A cinq heures soir… ») et dans l’élégie pathétique et sobre du finale. »